Contrairement au reste du département, le Fenouillèdes appartenait déjà à la couronne française, avant même le Traité des Pyrénées qui a délimité les frontières actuelles de la France et l’Espagne.
C’est en 1258 avec le Traité de Corbeil que le Fenouillèdes devient territoire Français, alors que le reste relève de la Catalogne espagnole. L’armée française avait entre-temps annexé les châteaux dans lesquels s’étaient réfugiés les cathares. Cette époque est l’occasion de mater la rébellion contre l’Eglise instaurée par les « Bons hommes » et les « Bonnes Femmes », encore appelés « les Parfaits » ou « Faydits », autrement dit les fameux cathares.
L’épopée cathare
Les Parfaits s’opposent à la toute-puissance de l’Eglise catholique romaine, et surtout à l’image de cette société ouverte à la tentation et à la corruption, qu’ils jugent loin de la véritable foi religieuse. Ils s’orientent donc vers une vie simple et chaste, parfois à l’extrême. Ce mouvement touche avant tout les milieux nobles et bourgeois, notamment au début, puis s'étend à l'ensemble des classes sociales.
Les Seigneurs du Sud les prennent sous leur protection, leur ouvrant les portes de leurs châteaux, autour de Toulouse (Foix, Albi, Peyrepertuse, etc.). Les Seigneurs du Sud acceptent d’autant plus facilement ce mouvement anticonformiste qu’eux-mêmes revendiquent de plus en plus leur autonomie et leur indépendance face à la Couronne française.
Ainsi, ce sont ces châteaux au sein desquels ils ont trouvé refuge et protection qui ont été appelé a posteriori « châteaux cathares », alors que les Parfaits n’en ont jamais construit. Leur foi était fondée sur la simplicité, s’opposant aux valeurs de confort et de matériel, ce qui impliquait qu’ils souhaitaient s’affranchir des biens, quelle qu’en soit leur valeur, patrimoniale ou non.
Condamnés comme hérétiques par l’Eglise romaine, l’éradication de l’hérésie s’intensifie au XIIème et surtout au XIIIème siècle, avec le Pape Innocent III, qui lance la Croisade contre les Albigeois en 1208. C’est la première Croisade à se dérouler en terre chrétienne.
De la Croisade contre les Albigeois au Traité des Pyrénées
Cette volonté pour l’Eglise de mater ceux qui remettent en cause sa suprématie concorde avec la volonté politique et militaire de soumettre les Seigneurs du Sud en quête d’indépendance à la couronne française.
En 1240, le château de Peyrepertuse perd son indépendance et rejoint la couronne française, imité en 1250 par le château de Puilaurens.
Le Château de Quéribus tombe sous le joug de l’Armée Française, en mai 1255. En août, les travaux de réaménagement militaire des trois châteaux commencent. En 1258, alors que le Château de St-Pierre à Fenouillet devient la possession de la couronne française, la France signe avec la couronne d’Aragon le Traité de Corbeil, qui délimite la frontière franco-espagnole. Celle-ci est marquée par des bornes, encore visibles aux limites du Fenouillèdes, notamment autour de Latour-de-France et Bélesta. Le Fenouillèdes est rattaché à la France, tandis que la Catalogne entière dépend de la couronne aragonaise.
Le Fenouillèdes devient alors une place permanente de conflits entre les deux couronnes, causant la misère et la pauvreté locale.
La situation trouve une issue par le Traité des Pyrénées, en 1659, qui fixe la frontière franco-espagnole telle que nous la connaissons actuellement. La Catalogne est alors sectionnée, l’une est toujours espagnole, tandis que l’autre devient française.
La création des départements
En 1790, l’Assemblée Constituante vote un décret récapitulant les noms et limites des départements. Le Fenouillèdes est alors sectionné en deux : une partie est rattachée à l’Aude, l’autre aux Pyrénées-Orientales, avec la Catalogne française.
C’est pourquoi la différence de culture au sein de ce département est toujours marquée par les racines historiques locales.